Le dernier passage du phénomène El Niño en Equateur date de 1998 selon l’Institut océanique de la marine de Guayaquil (INOCAR). Aujourd’hui, les scientifiques prévoient sa réapparition à partir du second semestre 2023.

Qu’est que El Niño et quelles sont ses conséquences sur les pays du Pacifique ?

El Niño et La Niña, des phénomènes climatiques opposés

A l’origine, les pêcheurs péruviens ont désigné El Niño le courant chaud qui se formait sur les côtes du Pérou et de l’Equateur à la période de Noël (“El Niño” désignant en espagnol l’enfant Jésus).

Aujourd’hui, le terme désigne les phénomènes océaniques trouvant leurs origines dans l’anomalie des températures importantes des eaux de la surface de l’océan Pacifique équatorial.

El Niño est le réchauffement à grande échelle des températures de la surface de l’océan alors que la Niña est le refroidissement de celle-ci. Ces deux phénomènes opposés correspondent aux deux phases opposées appelées ENSO (El Niño Southern Oscillation). Il est lié à un cycle de variations de la pression atmosphérique entre l’ouest et l’est du Pacifique, couplé à un cycle du courant océanique le long de l’Équateur.

Situation météorologique normale ou anormale du Pacifique Sud

Hors les événements El Niño, les vents réguliers d’est en ouest sont bien établis sur la face nord de l’anticyclone de l’Île de Pâques. Ses alizés entraînent les eaux chaudes de surface vers l’ouest du Pacifique et ce déplacement des eaux chaudes provoque la remontée des eaux froides à l’est du Pacifique. Lors de cette situation normale, les précipitations restent à l’ouest du Pacifique équatorial tropical.

Lorsque cette situation météorologique est particulièrement marquée, on parle de La Niña.

Quand il s’agit du phénomène El Niño, les pressions du Pacifique sud diminuent tout comme les alizés. Les eaux chaudes de la surface, ainsi que des nuages et des précipitations prennent la direction de l’est et des côtes péruviennes et équatoriennes.

Ces phénomènes climatiques, qui peuvent durer entre 8 et 12 mois, apparaissent de façon irrégulière, tous les 2 à 7 ans, les derniers épisodes en Équateur s’étant manifestés en 1982 et 1998. Cependant, selon l’Institut de physique atmosphérique de l’Académie chinoise des sciences (IAP), la fréquence des événements extrêmes El Niño a augmenté au cours de ces quatre dernières décennies. La raison principale est dû au changement climatique mondial, notamment avec le réchauffement des effets de serre et la variabilité des températures atmosphériques.

Des événements climatiques dévastateurs

Aujourd’hui ces phénomènes océaniques affectent le climat mondial par la sécheresse, les inondations et l’élévation de la température moyenne.

En Équateur, El Niño provoque des bouleversements climatiques variés selon les régions. La Côte et dans la région des Andes sont touchées par des pluies intenses, ce qui provoque des inondations et des glissements de terrains. Dans d’autres régions, c’est la sécheresse qui s’installe et une augmentation des températures de l’air et de l’eau. Cette augmentation de la température a des conséquences sur la santé de la population mais aussi sur la faune et la flore. La pêche est aussi particulièrement impactée. En effet, l’augmentation de la température de l’eau fait disparaître les courants froids et les phytoplanctons, des micro-organismes nécessaires au développement de la vie marine.

Lors des événements en 1982 et 1998, El Niño avait touché tout le pays et principalement les provinces de la côte. Des dizaines de personnes sont mortes. Des centaines de maisons avaient été inondées et détruites, ainsi que les infrastructures routières. Les pluies persistantes et incessantes El Niño avaient endommagé les sols. Les conséquences des inondations s’étaient aussi répercutées sur les prix dû aux immenses pertes des récoltes et une grande instabilité économique et politique s’était installée.

 

Et en 2023, qu'est-t-il annoncé ?

Les deux dernières années ont été marquées par la présence du phénomène de la Niña, dite “prolongée”, c’est-à-dire que la température de la surface de la mer est inférieure à la moyenne.

Depuis janvier, les météorologues enregistrent une augmentation anormale de la température de la mer de plus de 1,5 degrés. Il est donc probable que, 25 ans après El Niño de 1998, le phénomène se reproduise. C’est ce que prévoit l’Institut océanique de la marine de Guayaquil (Inocar). Selon eux, si le réchauffement de l’océan persiste, cela engendrera une perturbation atmosphérique dans le Pacifique Sud et le prolongement de la saison des pluies sur la côte Pacifique du pays. Cet événement peut donc favoriser l’apparition du phénomène El Niño en Équateur à partir du second semestre 2023. En ce qui concerne son intensité, les deux derniers épisodes, la température de la mer avait atteint 3 degrés de plus que la normale.

Malheureusement, les eaux chaudes prévoient de fortes perturbations en Équateur. Il est donc probable que le pays doive faire face à de fortes précipitations et de nombreuses inondations sur la côte Pacifique à partir de juillet 2023.