Les îles Galápagos, qui ont inspiré la théorie de l’évolution des espèces du scientifique britannique Charles Darwin au XIXe siècle, sont connues pour leur grande variété de tortues géantes aux côtés de flamants roses, de piquiers, d’albatros et de cormorans. Et elles ne cessent de nous surprendre ….

Une découverte inattendue dans les eaux des îles Galapagos …

Les scientifiques équatoriens, britanniques et américains de l’expédition Galápagos Deep 2023 ont découvert un récif corallien ancien et totalement vierge. Ce récif mesure entre 400 et 600 mètres en dessous du niveau de la mer, sur 2 kilomètres sur la crête d’un volcan submergé, dans une zone marine encore non cartographiée.

Composé à plus de 50% de corail vivant, il s’agit d’une découverte de nouveaux coraux. En effet, selon les scientifiques, les récifs situés en profondeur de la mer sont habituellement composés de 10 à 20% de coraux vivants. En plus de cela, les scientifiques assurent que les coraux sont “vierges”, cela signifie que les coraux restent inchangés et sont dans leur forme originale.

Comme le décrit le Dr. Michelle Taylor, de l’Université d’Essex, au Royaume-Uni, “les coraux regorgent de vie : poulpes roses, poissons chauves-souris, homards écrus et une grande variété de poissons d’eau profonde, requins et raies.”.

« L’attrait de ces récifs est qu’ils sont anciens, n’ont pas été perturbés pendant des siècles ou des milliers d’années et sont essentiellement vierges, contrairement à ceux trouvés dans de nombreuses autres parties des océans du monde », a déclaré Stuart Banks, chercheur à la Fondation Charles Darwin, participant à l’expédition. « Lors d’expéditions modernes, moins de 5% des eaux libres de la Réserve Marine ont été explorées, ce qui signifie qu’il pourrait y avoir plus de récifs comme celui-ci », a-t-il ajouté.

Le fait qu’il s’agisse d’un lieu ancien, vierge et rempli de vie, cela va contribuer à l’étude de l’évolution des habitats qui n’ont pas d’intervention humaine dans les changements climatiques globaux. En effet, comme l’affirme Jennifer Suarez, responsable de la surveillance des écosystèmes marins dans le parc national des Galápagos : “[Cette découverte] nous permet d’en savoir plus sur ces habitats inconnus.”.

José Dávalos, le ministre de l’environnement a annoncé lundi 10 avril sur Twitter : il s’agit “d’une découverte rare en eau profonde.” puisque les scientifiques pensaient que le seul récif encore en vie était celui de Wellington, suite aux événements El Nino de 1982.

… possible grâce à une technologie de pointe …

“Comme nous le savons tous, il est très difficile d’obtenir des informations à plus de 40, 50 ou 60 mètres de profondeur, explique  Jennifer Suarez. Grâce à ces outils ou à cet équipement technologique, nous allons pouvoir accéder à ces informations.”.

En effet, cette découverte, lors de l’expédition scientifique Galápagos Deep 2023, a été possible grâce à l’utilisation de l’Alvin, un véhicule de recherche submersible en eau profonde qui peut descendre jusqu’à 3000 mètres et explorer des zones inconnues. Pendant 22 jours, l’expédition a été dirigée par des scientifiques de l’Institut océanographique Woods Hole, Université de Bristol, Université d’État de Boise et Université d’Essex, en collaboration avec la Direction du parc national des Galapagos, la Fondation Charles Darwin et l’Institut océanographique et antarctique de la marine équatorienne (INOCAR). Terminée depuis le 21 avril dernier, les objectifs étaient de :

  • “Améliorer la compréhension de la biodiversité et de la géologie des eaux profondes à Galápagos, en s’appuyant sur les expéditions précédentes dans la région;
  • Analyser les coraux fossiles pour aider à reconstruire les climats passés, comme un moyen de prédire les tendances futures du changement climatique;
  • Approfondir notre compréhension des organismes d’eau profonde tels que les coraux d’eau froide, leurs relations génétiques et l’évolution des espèces;
  • Mieux comprendre comment les îles submergées, les monts sous-marins et les crêtes sous-marines se sont formés à Galápagos.” (Galapagos Deep 2023).

… qui va aider à la préservation de l’environnement.

En 2022, l’Equateur a élargi la réserve marine des Galapagos de 60 000 kilomètres carrés aux 13 8000 kilomètres carrés déjà existant. L’objectif de cet agrandissement était de protéger les espèces migratrices menacées des îles équatoriennes et de l’île de la Coco au Costa Rica.

Cette découverte montre que les communautés de coraux peuvent survivre pendant des siècles dans les profondeur des Galapagos et montre la nécessité de ces zones marines protégées. Celles-ci ont permis de faire persister pendant des siècles des populations marines riches et uniques. Cela a donc pour perspective de pouvoir établir de nouvelles aires marines protégées, en prenant “des mesures de gestion pour conserver ces écosystèmes qui soutiennent la vie en mer » en Equateur et de contribuer à la création de nouvelles zones comme celle-ci dans la région du Pacifique Est tropical, a annoncé la chercheuse Jenifer Suarez.

Comme l’explique le ministre de l’environnement équatorien : “La richesse encore inexplorée des profondeurs de l’océan est une raison de plus pour nous efforcer d’atteindre les engagements du Partenariat mondial pour l’océan -30/30, dont l’objectif est qu’au moins 30% des océans du monde soient déclarés Aires Marines Protégées (Amps) jusqu’en 2030, permettant des activités économiques durables alignées sur la conservation. ».

Ainsi, malgré l’impact que l’humain a sur les mers et océans depuis l’ère industrielle, cette découverte montre qu’il y a encore de l’espoir de trouver des merveilles naturelles intactes dans les fonds marins et prouve que les zones marines protégées doivent se développer encore et encore afin de garantir la survie des zones marines vivantes.